trois temps forts d’une saison particulière

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Territoriale, durable, participative et… rurale ! Le Pays de Montbéliard Agglomération, qui a été désigné par le ministère de la Culture et la Banque des territoires, Capitale française de la culture 2024, entend résolument être tout cela à la fois.

Avec ce projet qui joue la carte des territoires, ce n’est pas seulement une ville mais soixante-treize communes, petites ou grandes, urbaines ou rurales, qui ont vocation à écrire l’une des plus belles pages culturelles de leur histoire en lettres. capitales. Retour sur trois temps forts du Pays de Montbéliard, Capitale française de la culture 2024 avec les commissaires artistiques de l’événement.

Une cérémonie d’ouverture hors normes

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« Il faut que je raconte tout ? C’est un peu dommage il n’y aura plus de surprise ! » lance malicieusement Hervée de Lafond, directrice du Théâtre de l’Unité, pionnière du théâtre de rue en France, aux commandes de la cérémonie d’ouverture qui aura lieu le 16 mars. Mais ce qui est sûr, ajoute-t-elle aussitôt, c’est qu’on doit s’attendre à un véritable « pas de côté ». « J’avais envie de désacraliser les choses, où rien ne sera fait normalement », poursuit celle qui promet donc une cérémonie « décoiffante ».

Quelques exemples, quand même, histoire de nous mettre en appétit ? « Six danseurs de break dance vont danser sur Jules César de Haendel. Il y a quelques années, j’ai vu Rameau dansé à l’Opéra de Paris par des break danseurs,c’était un choc. La danse embellissait la musique et vice versa. Je me suis dit que j’allais faire la même chose avec la musique de Haendel, j’ai proposé ce projet aux breaks danseursqui ont accepté ». Autre projet, « la patrouille de France sera présente mais en… trottinette ». En somme, « jely aura tous les classiques d’une cérémonie d’ouverture mais toujours en décalé ».

Et ce n’est pas tout. « Il y aura aussi trente mères de famille issues des quartiers sensibles. Quand on parle de ces quartiers, on parle toujours des jeunes, mais il n’y a pas qu’eux. Les mères de famille rebaptisées pour l’occasion « les femmes puissantes » sont tout aussi importantes. Je les fais jouer dans l’Assemblée des femmes d’Aristophane. Elles ne vont pas parler car il y aura très peu de micros, sobriété oblige, mais elles vont faire une marche à quatre temps, très énergique, en costumes. Et elles vont jouer au théâtre antique de Mandeure ».

A l’exception de ce dernier, les événements qui composent la cérémonie d’ouverture vont tous se dérouler sur « le parking de l’Axone, un lieu de spectacles qui peut accueillir de 9 à 10 000 personnes ». Hervée De Lafond annonce enfin la présence d’un « invité surprise » qui n’a rien à voir avec le Pays de Montbéliard mais qui vient par amitié. C’est un comique que nous avons connu à Saint-Quentin en Yvelines et à Trappes ». Comique, Trappes, tiens, tiens… La directrice du théâtre de l’Unité dit y faire pour mettre en appétit !

Un western sonore qui irrigue tout le territoire

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Projet emblématique du « torsion », l’ensemble des projets conçus par MA scène nationale, la Scène nationale de Montbéliard, pour la Capitale française de la culture, Il était une fois dans l’est de Sonia Cabrita, porte haut l’ambition, commune à toutes les scènes nationales, d’irriguer tout un territoire. MA scène nationale dispose pour cela d’un instrument précieux, son Fab-Ma, grâce auquel elle organise « la rencontre entre les équipes artistiques et la population » indique son directeur Yannick Marzin. « Le Pays de Montbéliard, marqué par son histoire automobile et l’organisation du travail des « trois-huit », est un territoire où aller au spectacle n’est pas une évidencerappelle le directeur de la scène nationale. Quand je suis arrivé il y a douze ans, la scène nationale agissait déjà au plus près de la population. Avec le Fab-Ma, nous sommes allés un peu plus loin. L’acte de création devient accessible, au sens plein du terme ».

Illustration donc avec Il était une fois dans l’estprojet témoignant également du goût de la Scène nationale pour « les propositions inhabituelles ». Jugez plutôt. « Quand nous avons proposé à Sonia Cabrita d’imaginer un projet dans le cadre de la Capitale française de la cultureexplique Yannick Marzin, elle nous a tout de suite dire qu’elle était fascinée par le western mais qu’elle souhaitait envisager ce genre sous une forme sonore – elle est réalisatrice de documentaires sonores – et non visuelle ».

Ce projet un peu « fou », qui peu à peu prend forme, est le fruit d’un long travail de prospection. « Pour mieux comprendre le territoire, Sonia Cabrita nous a demandé de la mettre en relation avec certains acteurs, elle s’est ainsi déplacée à la maison d’arrêt, mais aussi dans un club de boxe, de country… » poursuit Yannick Marzin. Puis, à l’issue de castings, elle donne la parole aux habitants. « À travers ses rencontres, elle a cartographié de manière sensible le territoire. Ces castings représentent la source sonore de ses créations », conclut Yannick Marzin. Fin du projet en septembre sous la forme d’un podcast qui donnera lieu à une écoute en public.

BO District #1, une véritable photographie des musiques actuelles

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Électro, pop, rock, indie, rap, sono mondiale… Du 9 au 14 avril, c’est, selon Matthieu Spiegel, directeur depuis un an du Moloco, la Scène de musiques actuelles, une « grande photographie des musiques actuelles » que le festival BO District proposera sur l’ensemble du territoire du Pays de Montbéliard. « J’ai imaginé cet événement quand j’étais candidat au poste de directeur et que l’on nous demandait d’imaginer un événement pour Montbéliard, Capitale française de la culturepoursuit-il. BO comme bande originale ou beauté du territoire, et District, en référence aux arts districts des États-Unis, le programme mis en place dans les années 80 dans l’ouest des États-Unis qui visitait à faire vivre de grands espaces urbains via la politique culturelle ». Un esprit que le festival déclinera donc dans l’agglomération mais aussi dans des « territoires ruraux et des lieux qui ne sont pas forcément connus », précise Matthieu Spiegel.

Avec un objectif en ligne de mire : « créer une rencontre sur le temps long entre des artistes et des sites ». L’ouverture aura lieu au centre de loisirs Jean Ferrat d’Étupes où les chanteuses du groupe polyphonique Clume donneront un concert le 9 avril et proposeront le lendemain un atelier découverte à destination de la petite enfance puis une initiation à l’apprentissage des danses traditionnelles pour les enfants du centre de loisirs.

BO District s’adresse à tous les publics. « Nous souhaitons que toutes les catégories de la population se sentent intéressées par au moins un événement. A l’avenir nous souhaitons aussi avoir des propositions ciblées pour les personnes empêchées, les personnes âgées… ». À l’avenir… car Matthieu Spiegel entend bien que « le label Capitale française de la culture sert de tremplin pour un projet qui se poursuive et s’enracine ». Pour cette première édition, la moitié des concerts seront gratuits.

« A la différence des autres scènes de musiques actuelles, l’action du Moloco se déploie dans toute une agglomération et pas uniquement dans une ville. C’est une action ancrée sur un territoire et qui va vers les gens. BO District en est le point d’orgue » conclut-il.