la fin d’un chantier qui « touche à l’histoire », en attendant la restauration de l’intérieur

Les échafaudages sont encore là et pourtant, les travaux touchent à leur fin. La restauration de la façade extérieure de la cathédrale Saint-André de Bordeaux, qui fait partie d’un plan lancé en 1995, voit enfin le bout. Cette phase finale, commencée en février 2021, englobait les travaux de la façade sud de la nef – vaisseau principal – et de sa couverture. Une maîtrise d’ouvrage financée par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) qui s’élève à 4,15 millions d’euros, dont 3,3 millions compris dans le cadre du plan France Relance.

Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis…

Les échafaudages sont encore là et pourtant, les travaux touchent à leur fin. La restauration de la façade extérieure de la cathédrale Saint-André de Bordeaux, qui fait partie d’un plan lancé en 1995, voit enfin le bout. Cette phase finale, commencée en février 2021, englobait les travaux de la façade sud de la nef – vaisseau principal – et de sa couverture. Une maîtrise d’ouvrage financée par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) qui s’élève à 4,15 millions d’euros, dont 3,3 millions compris dans le cadre du plan France Relance.

Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, la cathédrale a vu cohabiter de nombreuses professions durant ces deux années de travaux. Lors de la visite de fin de chantier qui s’est tenue le 17 novembre, en présence d’Étienne Guyot, préfet de la région Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde, il ne restait plus que les tailleurs de pierre. En février, ils devraient laisser place aux vitraillistes pour que le démontage des échafaudages puisse débuter et durer un à deux mois. Après cela, place au prochain chantier, l’intérieur.

« En très mauvais état »

Le dernier arc-boutant de la période gothique reste à rénover et après cela, le chantier prendra fin pour Benoit. C’était la première cathédrale de ce tailleur de pierre des Compagnons de Saint-Jacques, qui a participé à la rénovation des 1 500 mètres carrés de la façade sud. Un travail de longue haleine dont la difficulté première était la gestuelle. « On passe notre temps à se contorsionner. »

Les nouvelles pierres posées par les tailleurs doivent paraître vieillies.

Les nouvelles pierres posées par les tailleurs doivent paraître vieillies.

Claude Petit/ « Sud Ouest »

Ce chantier, « c’est un chantier qui tire vers le haut, pense Benoit. Touché à l’histoire. » Son travail consiste à nettoyer la pierre, poser un diagnostic, réaliser des tracés, creuser, en poser une nouvelle et la vieillir. « Le but, c’est de cacher ce que l’on fait », résume le tailleur.

Avant ces rénovations, les façades de la cathédrale étaient noires par la pollution, majoritairement, et la végétalisation, minoritairement. « Les ardoises étaient aussi en très mauvais état, elles avaient plus de 70 ans. Il y avait des risques de chute ou d’infiltration », indique Florie Allard, conservatrice des monuments historiques à la Drac.

Les nouvelles ardoises sont des lieux qui remplacent les anciennes, qui avaient plus de 70 ans.

Les nouvelles ardoises sont des lieux qui remplacent les anciennes, qui avaient plus de 70 ans.

E.S.

« Tout à changer », confirme Victorien Belaud, couvreur et chef de chantier. La toiture de la nef a été refaite à neuf avec du plomb, du cuivre et des ardoises en relief, qui viennent d’Espagne, pour donner plus de « cachet ». Nouveauté, des ouvertures de désenfumage y ont été intégrées.

Au plus près de l’Histoire

Après les incendies des cathédrales de Paris et de Nantes « qui avaient traumatisé la communauté des conservateurs », la cathédrale s’est dotée d’un dispositif dont elle était, jusque-là, dépourvue. Vincent Castagnaud, architecte des Bâtiments de France, évoque notamment la rationalisation des serrures en 2021 (166 000 euros), l’installation de capteurs incendie en 2022 (à hauteur de 325 000 euros), ou encore les exercices de sécurité et de protection des oeuvres. Pour renforcer le dispositif, des caméras thermiques seront prochainement installées.

Le schéma conceptualisé par l'archéologue du bâtiment donne une indication, par code couleur, des époques des matériaux utilisés.

Le schéma conceptualisé par l’archéologue du bâtiment donne une indication, par code couleur, des époques des matériaux utilisés.

Claude Petit/ « Sud Ouest »

Afin de garder mémoire les découvertes lors des travaux, Jean-Luc Piat, archéologue du bâtiment, a réalisé un reportage dessiné. Un schéma des charpentes dont les couleurs correspondent aux périodes chronologiques qu’il a pu identifier. Du bleu foncé, parties anciennes, entre le XIIe et le XIIIe siècle, aux couleurs plus pâles, périodes plus récentes, XIXe ou XXe. « Pour celles-ci, on va se permettre de les changer mais pour les plus anciennes, on va faire le maximum pour les conserver. »

Dans 70 ans, c’est reparti

« On a la chance d’avoir des personnes aussi compétentes dans ces métiers d’art », se réjouit le préfet Étienne Guyot, qui en profite pour passer un message aux plus jeunes : « Je leur demande qu’ils s’investissent, qu’ils ‘ils regardent et qu’ils prennent connaissance de ces professions. Le patrimoine, ça fait partie de notre ADN et nos successeurs devront le remettre à jour. »

Tous les 70 ans, ces mêmes travaux doivent être effectués.

Tous les 70 ans, ces mêmes travaux doivent être effectués.

Claude Petit/ « Sud Ouest »

Un investissement primordial puisque dans les années 70, les travaux reprendront et façades et toitures devront être rénovées une nouvelle fois. Avant cela, c’est au tour de l’intérieur. De 2024 à 2030, s’engage un nouveau plan de restauration à hauteur de 12 millions d’euros (dont 9,5 millions de l’État), commençant par la nef, durant trois ans, puis le transept, le chœur et l ‘orgue. Après des siècles de combustion à la bougie, l’intérieur doit être intégralement ravalé. L’édifice ne sera pas fermé au public, mais il faudra s’attendre à apercevoir de nouveaux échafaudages, dès 2025.